Vol de coke by Serge Guéguen

Vol de coke by Serge Guéguen

Auteur:Serge Guéguen
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Éditions Écrits Noirs
Publié: 2015-01-01T00:00:00+00:00


Chapitre 11

L’église Saint-Pierre de Ploemeur n’était pas assez grande pour accueillir tous ceux qui souhaitaient rendre un dernier hommage à Michel, enfant du pays mort par coup du sort. Les aspirants officiers en grande tenue d’apparat de l’École navale de Lanvéoc-Poulmic portèrent le cercueil du parvis à la nef. Sur les bancs de l’église, ses copains d’enfance, ses amis du club de foot, des enfants, de jeunes adultes, des parents, tous ceux qui avaient côtoyé Agnès l’institutrice étaient présent pour la soutenir dans l’épreuve.

Au cimetière, c’est dans le caveau familial, où reposaient déjà ses aïeux soldats comme lui, que Michel fut déposé. Chacun déposa une rose sur le bois ruisselant d’eau et repartit tristement, sous un ciel gris et bas comme seule la Bretagne sait en créer. Le tonnerre gronda et une forte averse s’abattit sur la famille encore présente. Yves ne pouvait détacher son regard du cercueil que les hommes en noir venaient de déposer au fond du trou béant de la mort. « Je saurais ce qui s’est passé, mon fils, je te le jure », promit Yves. Agnès le prit par le bras et ils s’en retournèrent, le pas lourd et le visage humide. Ils essuyèrent machinalement sur leur visage pleurs et gouttes de la pluie battante en passant les grilles du dernier lieu où reposait désormais leur fils.

Tous deux à leur chagrin, ils revinrent à leur maison à pied en se tenant par le bras. Ils marchaient d’un pas mal assuré comme deux fantômes dans la nuit. A leur arrivée au domicile d’Agnès, il n’y avait personne. C’était leur souhait. Ils s’installèrent sobrement dans la cuisine devant une tasse de café chaud, chacun dans ses pensées. C’était Yves qui rompit le silence.

« Puis-je rester quelques jours ? demanda-t-il sobrement.

— Je veux bien, cette maison est aussi la tienne et je serais heureuse que nous passions ensemble les épreuves des jours à venir sans notre fils », lui répondit-elle.

Yves se leva et l’étreignit tendrement. Ils pleurèrent leur chagrin dans les bras l’un de l’autre ; et restèrent un long moment debout, sans bouger, à seulement sentir le réconfort de celui que l’on a aimé. Dans ces moments intimes la parole est superflue.

Chacun dans leur chambre, ils eurent une nuit agitée peuplée de rêves où Michel les regardait jouer. Et puis l’imaginaire recréait l’accident. Morceaux de flash virtuels. Et pour Yves le manque, les crampes, l’envie de boire, les sueurs froides.

Yves était réveillé depuis longtemps. Il entendit Agnès s’activer dans la cuisine comme à son habitude. Il descendit et l’odeur du pain grillé raviva des souvenirs enfouis depuis fort longtemps.

« Tu as bien dormi ? lui demanda Agnès sans se retourner.

— Très mal. Comme toi, je suppose ? interrogea Yves.

— Oui, dit-elle en posant tes tartines grillées et le café fumant sur la table.

— Que fais-tu aujourd’hui ? demanda Yves.

— Je dois mettre en ordre un certain nombre de papiers et examiner ce que je vais faire de la moto de Michel, répondit Agnès.

— Parce qu’il avait une moto ?

— Il voulait être comme toi.



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